L’ostéopathie vétérinaire : un outil supplémentaire pour diagnostiquer la douleur chez votre chat

Indépendamment de son utilisation thérapeutique, l’ostéopathie est également un outil diagnostic très intéressant notamment en cas de douleur. Son approche est complémentaire de l’examen clinique classique et apporte un autre angle de vue avec de nouvelles informations. Elle peut ainsi contribuer à mettre en évidence une douleur méconnue, à préciser sa localisation ainsi que la structure anatomique atteinte et les causes potentielles.

Bien-sûr si la douleur est associée à une lésion flagrante de type blessure, fracture ou rupture d’un ligament elle est facilement détectable. Dans ce cas, votre chat présentera alors souvent un problème visible, par exemple locomoteur: boiterie, difficultés à se lever, à marcher ou à sauter…

Mais, en dehors d’un traumatisme ou d’un handicap apparents, la douleur quelle qu’en soit l’origine n’est pas si évidente à reconnaitre chez nos amis félins. En effet, un animal sauvage va masquer ses « faiblesses » autant qu’il le peut pour ne pas devenir une proie. Dans ce cas de figure, notre chat domestique réagit instinctivement de la même manière.

Les signes de douleur peuvent alors être très divers et peu évocateurs. Et ce n’est pas parce que votre chat reste silencieux qu’il n’a pas mal. Ainsi, en fonction de son intensité, de sa chronicité et de sa nature, la douleur se manifeste essentiellement par des modifications comportementales qui sont plus ou moins subtiles :

  • Diminution du comportement joueur, baisse d’activité générale ou spécifique : sauter, grimper…
  • Diminution du temps de toilettage ou négligence de certaines zones corporelles : ne se lèche plus, poils ébouriffés, poils ternes.
  • Ou inversement, léchage, frottements ou mordillements intempestifs d’une zone du corps
  • Irritabilité ou intolérance aux caresses sur certaines zones parfois attribuées à tort à un « sale caractère ».
  • Baisse ou perte d’appétit
  • Miaulements plaintifs inexpliqués, sifflements, grondements mais aussi ronronnements
  • Isolement
  • Malpropreté car il ne parvient plus à utiliser la litière - urine souvent - difficultés pour déféquer
  • Expression de type « masque de souffrance » avec front plissé, yeux mi-clos, oreilles aplaties.
  • Postures évocatrices de douleur, ex : dos courbé, prostration.

Il est à noter que certains de ces changements sont souvent associés à l’âge sans faire le lien avec son lot de douleurs chroniques. Pour autant, ce n’est pas parce que votre chat vieillit qu’il doit fatalement avoir mal !

Le saviez-vous ?

Le ronronnement n’est pas nécessairement un critère de bien-être.  Les chats ronronnent également pour se calmer dans les moments de stress ou de douleur. Les sons basses fréquence émis sont source d’apaisement et stimulent la guérison grâce à l’effet des vibrations sur son corps.

Dans ce contexte, l’examen ostéopathique peut s’avérer très utile pour mettre en évidence une douleur qui n’a pas été identifiée ou dont les symptômes ont conduit à un diagnostic erroné. Cet examen permet également de localiser la structure en cause et donc d’en préciser la nature.

 

Le saviez-vous ?

Certaines lésions cutanées ne relèvent pas de la dermatologie mais peuvent être le fruit de grattages ou de mordillements intempestifs et donc d’un comportement d’automutilation en lien avec la douleur. Cela peut-être par exemple le cas lorsque votre chat souffre d’une cervicalgie.

L’ostéopathie peut, par exemple, aider à déterminer cliniquement l’élément de l’appareil locomoteur touché en cas de douleur musculosquelettique tels que muscles, ligaments, tendons, os, capsule articulaire, cartilage, ménisque, disques intervertébraux…

Mais elle trouvera surtout sa plus-value pour les douleurs difficiles à caractériser et peu documentées chez nos animaux en l’absence d’autres symptômes associés ou en début de maladie.         

              Ainsi, parmi elles, les douleurs viscérales ne sont pas toujours facilement décelables car elles peuvent être diffuses par nature. Elles regroupent toutes les douleurs thoraciques, abdominales ou pelviennes occasionnées par l’atteinte d’un organe (pancréas, foie, rein…). Elles peuvent être d’autant plus piégeuses qu’elles peuvent se manifester par des douleurs projetées dans une région cutanée éloignée. Ainsi, une douleur lombaire chez le chat peut être le fruit d’une atteinte rénale.                                     

Il en est de même pour les douleurs neurologiques ou névralgiques (atteinte d’un nerf).                                         

Votre chat peut ainsi souffrir d’une sciatique sans que cela soit clairement établi. Même si vous identifier qu’il a mal, la douleur sera souvent uniquement mise sur le compte d’une douleur arthrosique chez le vieux chat qui présentera fréquemment en parallèle des lésions d’arthrose facilement visibles à la radiographie.

D’autres types de douleur tels que la douleur cancéreuse ou encore vasculaire sont également sous-estimés. Même s’il ne fait aucun doute que la douleur est présente une fois la pathologie déclarée et que la traiter permet de soulager votre compagnon, il serait intéressant de pouvoir la repérer plus précocement. En effet, elle est parfois le premier signe d’appel d’une maladie sous-jacente.

Dans ce contexte, l’ostéopathie fait partie des moyens pour mieux l’appréhender et orienter vers une prise en charge plus adaptée si nécessaire.

Aussi, soyez attentifs aux changements d’attitude de votre chat. C'est vous qui le connaissez le mieux. Et si vous pensez qu’il a mal, n’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire.

Dr BEGU C. , Docteur Vétérinaire